mardi 16 décembre 2008

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage.

-Exceptionnellement le visa de l’article sera un sonnet (en alexandrins, 2 quatrains et 2 tercets).


Heureux qui comme Ulysse

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
Ou comme celui-là qui conquit la Toison,
Et puis est retourné plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge!

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine.

Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

Joachin du Bellay.


Alors pourquoi celui-ci ?

I. D’abord parce que du Bellay fait parti de la Pléiade qui est le pendant poétique des « humanistes » et que ce mot nous est servi à toute les sauces, a tel point qu’on se demande si par humaniste ils (ceux qui nous le servent) ne veulent pas dire « humain ».

Il est ainsi défini par la source absolue du savoir (ndlr :wikipédia) : L’humanisme est une vaste catégorie de philosophies portant sur l'éthique qui affirment la dignité et la valeur de tous les individus, fondée sur la capacité de déterminer le bien et le mal par le recours à des qualités humaines universelles — en particulier la rationalité.

Cette définition est clairement celle qui inspire notre philosophie voir même notre mentalité collective d’occidentaux droit-de-l’hommiste. Il est cependant deux aspects qui je trouve s’oppose à la mentalité dominante :
1° La capacité à distingué le bien et le mal qui n’est plus exigé de l’individu ; l’humanisme au sens moderne est un relativisme qui en voulant placer l’individu au centre lui donne le droit d’inventer et non de découvrir le bien et le mal.
2° Le recours à la rationalité ; un homme du XXIème siècle ne fonderait pas le respect de chaque homme sur sa capacité à raisonné, mais sur sa capacité à ressentir. L’humanisme voulait instruire les hommes et les respecter car il était doué d’une tête, nous le faisons parce qu’ils ont un cœur.


II. La seconde chose qui m’intéresse dans ce sonnet est l’idée du mal du pays ; on n’est jamais mieux que chez soi. « Même Rome ne vaut pas mon village, et pourtant je reconnais à la ville éternelle mille qualités objectives, mais il lui manque d’être mienne. »Du Bellay conçoit que Rome soit magnifique, mais Joachim est étranger dans la grande ville, et toujours il restera fils de sa province.

Un seul de nos arabes parle comme du Bellay (sur le fond, pas dans la forme hélas !), il s’agit de Faudel. C’est le sens de sa chanson « Mon Pays », ou il reconnaît que l’Algérie a les qualités objectives, d’être authentique, de permettre une identification simple, d’être le pays de ses ancêtres (biologiques), mais aussi d’une partie de sa culture. S’il remonte assez loin c’est de là qu’il vient, il le sait, mais il a le mérite malgré son époque de dire qu’il n’est plus algérien, qu’il est français et que ce pays qui fut celui de ses parents n’est pas le sien.

La clairvoyance et le courage de Faudel qui n’est ni un intellectuel ni un français de souche, ne lui ont hélas rien rapporté de bon : pour ceux qui se sentent français il reste un chanteur de raï, pour ceux qui ne peuvent pas sentir la France il est devenu un collabo.
Finallement, peu importe qu'être adopté par un pays soit beau et honore autant la patrie acceuillante que son nouvel enfant, le processus commence d'abord par l'abandon d'un autre pays.

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