mercredi 10 décembre 2008
Ce que j'ai compris des thèses de René Girard...
J'étais l'autre jour à une conférence de René Girard, qui s'est finallement avérée être une conférence sur René Girard, l'académicien n'ayant put se déplacer. Un dialogue filmé du philosophe dont il est question, nous fut tout de même passé. Cette vidéo m'arrachat une exclamation: "heureusement que le vrai n'est pas venu, on aurait encore moins compris le thème de la conférence!".
Il semblerait que pour comprendre cette thèse il faille avoir lu la moitié des romans français du XIXème et XXème, de Stendhal à Proust, tout en ayant une connaissance encyclopédique de la Bible, bref un pure produit de l'école française post-pédagogiste comme moi était condamné d'avance à se sentir très con en allant à cette conférence. Pourtant tout le monde avait un air entendu en écoutant l'orateur (un obscur éditeur qui avait d'ailleurs lui aussi un air entendu).
Ceci a peut être à voir avec l'âge du public (le plus jeune, moi exclu, devait avoir 60 ans). Première conclusion soit l'école que j'ai fréquenté est vraiment beaucoup plus mauvaise que celle de mes parents, soit on grandit beaucoup plus que je ne le pensais en culture au fur et à mesure qu'on prend des rides (ou peut être les transports en commun).
Malgré mon mal de crâne et la blessure de mon ego d'intellectuel, j'ai tout de même compris quelque chose que je vais m'efforcer d'expliquer à qui aurait le malheur de lire ce blog.
-Première hypothèse: Tout désir est mimétique, c'est à dire qu'on désir ce qu'on croit désirer par quelqu'un d'autre. Et ceci est vrai pour les produits de consommation (phénomène de marque), l'art (le snobisme), ou alors les personnes de l'autre sexe (ce que Stendhal appel l'amour-goût).
-Deuxième hypothèse: L'Homme haïs plus que l'indifférenciation, c'est à dire qu'il veut être un individu autonome, et trouve inacceptable d'admettre que ses désirs ne sont qu'une volonté d'imiter voir de doubler autrui, pour lui ses désirs ne peuvent être que l'expression de sa personnalité profonde.
Partant de là nombre d'objet du désir devienne comme rare provoquant un phénomène de violence entre ceux qui désirent l'objet. Le seul moyen de se rendre à nouveau singulier est de n'être plus l'un de ceux qui désir la chose, mais d'être LE seul propriétaire de la chose.
Mais la violence empêche la vie en société.
-Troisième hypothèse: Pour supprimer la violence on désigne un bouc-émissaire qui payera pour les frustrations de tous et contre qui la violence s'exprimera. Cet innocent qui passait par là sera sacrifié. Pour légitimer ce sacrifice on va rendre coupable le bouc émissaire.
C'est là l'origine du sacré. La violence vient d'un passant qui a offensé les dieux, il est sacrifié pour que les choses rentrent dans l'ordre.
Ce sacrifice se retrouve dans toute les religions y compris dans celle du livre.
Vient alors vers l'an 1 de notre ère un certain Jésus Christ. Et lui ce qu'il a fait ne rentre pas du tout dans le système habituel.
D'abord il se sacrifie volontairement pour nous.
Ensuite il explique montre et reste dans les mémoires comme un innocent.
Enfin il nous sauve de nos péchés (issu de la tentation ou désir) et non pas d'une violence issue de la fatalité.
Par la même il démontre que d'une certaine manière ce n'est pas Dieu qui exigeait sa mort mais nous et notre turpitude et que nous sommes en quelque sorte coupable (bien que nous ne sachions pas ce que nous faisons selon ses propres dires).
Ainsi notre société imbibée de christianisme a abandonné ce reflexe ancestral (mais culturel) de la recherche d'un coupable extérieur au groupe. Bien sur il nous arrive d'y avoir recours, mais chez nous cela marche moins bien que dans d'autres peuples. Pire même nous avons inversé le reflexe en recherchant spontanément non pas des coupables, mais des victimes (dont nous serions responsables de la misère).
D'ou il suit plusieurs choses:
1) Nos anciens colonisés attribue spontanément leurs malheurs présents à notre action car ils ont des réflexes pré-chrétiens, ils ne sauraient ainsi concevoir que quoique ce soit qui se passe chez pourrait être de leur faute.
2) Nous occidentaux chrétiens jusqu'au bout de la conscience nous cherchons spontanément des victimes, et donc facilement des crimes dont nous serions les auteurs.
En somme la victimisation d'une part et la repentance d'une autre part ne sont que les deux faces d'une malheureuse dissymétrie des réflexes culturels. Ou en encore plus bref, si on se flagelle bêtement c'est parce qu'on est des chrétiens sans Dieu, car si nous avions encore un Dieu, nous saurions lui demander pardon. Mais les progressistes ne vont pas à confesse.
Le monde est plein d'idées chrétiennes dévoyées.
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