Deux choses m'ont frappé dans cette polémique sur la censure (car c'est bien d'être pour ou contre la censure qu'il s'agit).
La première c'est le fait que les censeurs ne s'assument pas, ni comme censeurs, ni comme moraliste; ils se veulent toujours libertaires à la fois contre l'ordre et contre la morale et donc contre l'ordre moral. On remarquera pourtant que leur vocabulaire (dignité, bien, mal, acceptable, inacceptable etc...) est très clairement moral sinon moralisateur et que leurs envies répressives ont la gachette tellement facile qu'elle dépasse largement le maintient d'un ordre, fut-il aussi profond et donc potentiellement oppressif qu'un ordre moral.
La seconde c'est qu'ils se préoccupent tous (même et surtout ceux qui sont contre la censure) de savoir si les auteurs de paroles PAS BIEN sont sincères; s'ils le pensent vraiment. C'est là que cela devient inquiétant. Car toutes ces bonnes âmes veulent juger du caractère acceptable d'un propos non pas sur sa lettre ni même sur son esprit ou son contexte mais en fonction de l'opinion réelle de son auteur. Il ne s'agit donc plus d'une police de l'expression publique, mais d'une police de la pensée; ce qui est en cause c'est la liberté d'opinion et non plus la liberté d'expression.
Le fond du problème dans tout cela est en réalité sur deux plans, dont aucun n'est moral:
1° Pourquoi on dépense autant de pognon en subvention d'artistes si ceux qui les accordent ne doivent pas disposer d'une marge d'appréciation sur le contenu des textes de leurs protégés?
Suspendons les subventions et ainsi les francofolies et les autres festivals cul-culturels seront réellement indépendants.
Je ne répeterai pas la phrase de Bossuet cité par chaque réac dans sa prière du soir à St Eric Z, mais Il ne faut pas se plaindre que l'Etat et les Régions usent de leur pouvoir tout en souhaitant leur en confier encore davantage.
2° Peut-on encore vivre dans une société de liberté lorsque celle-ci est caractérisé par un double processus de division ethnique et de déclin intellectuel général?
La réponse est un peu contenu dans la question, mais j'ai encore peur de le formuler par l'affirmative, Cyril Bennasar n'a pas ces scrupules: (http://www.causeur.fr/orelsan-droit-dâauteur-devoir-dâhomme,2717)
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« ils se préoccupent tous (même et surtout ceux qui sont contre la censure) de savoir si les auteurs de paroles PAS BIEN sont sincères; s'ils le pensent vraiment. »
RépondreSupprimerCela a un nom : l'Inquisition. Il est comique que ceux qui en ont adopté la pratique balancent systématiquement, à la moindre polémique anti-catholique, le passé inquisitorial de l'Église. Et se demandent ensuite si Benoît XVI est, dans son for intérieur, négationniste (affaire des « évêques » lefebvristes) ou malthusien (propos sur l'utilité du préservatif contre le sida en Afrique). Il me semble que cette contradiction n'est pas assez soulevée dans les débats sur le Nouvel Ordre moral qui nous opprime.
Sur le même sujet:
RépondreSupprimerhttp://biendegagederrierelesoreilles.blogspot.com/2009/07/interrogation.html
@ Criticus: oui je suis bien d'accord, je suis d'ailleurs en train de rédiger un article qui se rapproche de cette idée (ou plutot d'une autre conséquence de cette mentalité d'inquisiteur). Mais bon vous savez ce que c'est l'accouchement est parfois difficile.
RépondreSupprimerMais sur la manière dont la religion catholique est traité j'ai un peu écrit vu que cette année il y avait matière à réagir!
http://flavius-aetius.blogspot.com/2009/03/le-sida-pour-ou-contre.html
http://flavius-aetius.blogspot.com/2009/02/les-cons-ont-deshonore.html
@ xza7961: J'ai lu, mais que voulez-vous on a tellement l'habitude de cette inégalité de traitement (que j'oserai qualifier de racisme) qu'on ne relève presque plus!