dimanche 20 septembre 2009

Malevil: La survie plutôt que la justice

J’ai regardé tout à l’heure le film « Malevil » tourné en 1981, avec Michel Serrault, Jean-Louis Trintignant et Jacques Villeret, il est tiré du roman du même nom écrit en 1972 par Robert Merle. Malevil raconte l’histoire d’un groupe de survivant à un holocauste nucléaire en s’intéressant plus à la renaissance d’une société et aux changements tant moraux que sociaux, politiques ou religieux qu’elle subi par nécessité qu’au personnage et à leur péripétie.
Au fond la bombe et les personnages ne sont presque que le prétexte d’une analyse ethnologique, mais cela ne rend pas les personnages moins intéressant ou attachant car leurs caractère en sont d’autant travaillés et l’auteur n’a pas à se forcer pour éviter le pathos qui forme la matière de la plupart des romans d’aujourd’hui.

On peut voir dans l’évolution du petit groupe de survivant, une thèse marxiste : l’état de l’économie détermine la structure politique et sociale de la « cité » de Malevil. Ainsi Malevil est un château isolé qui doit affronté la raréfaction des ressources, la disparition de la possibilité d’user d’outil techniquement élaborés, notamment du fait de l’absence d’énergie (essence et électricité) de produit chimique (les fusils sont utilisés parcimonieusement parce qu’ils ne savent pas produire de poudre), ils sont soumis aux aléas du temps comme l’étaient les paysans du grand siècle, et doivent se prémunir contre les menaces que représentent les autres survivants, affamés, fou, violent, quelque fois les trois à la fois.
Les conséquences de ces faits nouveaux qui pèsent sur ces français du XXème siècle, sont selon l’auteur que le régime politique devient plus autoritaire et autocratique, que l’individualisme disparaît (voire la propriété privée), l’équilibre homme/femme tant sur le plan des rapports sociaux, que du travail, des rapports sexuels, de l’exclusivité et de la reproduction est complètement bouleversé et plusieurs solutions inimaginables aujourd’hui sont adoptés avec l’assentiment de tous (et toutes !) pour garantir paix, prospérité et reproduction.

Je n’ai parlé ici que de généralités, je ne vais pas raconter l’histoire de ce livre car j'en recommande la lecture*, je ne veux donc pas en révéler l’intrigue qui est passionnante (500 pages qu’on lit en une journée), mais je vais tout de même aborder un épisode qui est à mettre en lien avec la situation actuelle de la France et la fameuse phrase de Rocard sur la misère du monde** :
Alors que les récoltes commencent à peine à pousser et que l’espoir renaît avec elle, Les habitants de Malevil rencontrent pour la première fois d’autres survivants. Ceux-ci sont irradiés et affamés et ils rampent dans les jeunes blés en dévorant chaque morceau d’épis, anéantissant au passage les chances de Malevil de tenir après la fin de ses réserves d’avant la catastrophe. Les hommes tentent de les effrayer, mais l’effet de coup de fusil en l’air est à peu près nul quand il s’adresse à des squelettes à moitié calcinés, nus et dont il ne subsiste de l’âme que l’instinct de survie. Alors le plus jeune du groupe, Momo, un attardé mental, tente d’arrêter un des nouveaux venu avec fermeté, mais sans arme, il est tué sur le champ par celui-ci d’un coup de fourche. Avec Momo meurt les derniers scrupules des Maleviliens qui abattent un à un les visiteurs.
Cette visite a appris aux personnages qu’ils n’étaient pas seuls, mais aussi que cette nouvelles qu’ils espéraient tant n’en était pas une bonne : les autres survivants ne sont pas des frères humains comme chaque habitant du château, ce sont des concurrents dans la course pour la survie, des prédateurs pour les animaux de la ferme, ils ne sont plus que les membres d’une tribus sinon ennemis au moins rivale.
S’ensuit une discussion entre les membres de la communauté sur la légitimité de ce qu’ils viennent de faire sous le coup de l’émotion de la mort de Momo. Ils ont tué de sang-froid plus d’une dizaine d’hommes qui n’avaient fait que manger. Un an auparavant un juge de mauvaise humeur les aurait condamné à une journée de travaux d’intérêt général, et un de bonne humeur les aurait acquitté au nom de « l’état de nécessité », largement constitué en l’espèce.
Les Maleviliens ne se font aucune illusions sur le rôle de Momo, ils ont conscience qu’il ne leur a servi que de prétexte, qu’il n’a fait que permettre la réaction grâce à l’émotion qu’il a provoqué par son sacrifice, ils savent et savaient déjà en actionnant leurs armes que l’enjeu était bien de protéger les récoltes et de s’en garantir l’exclusivité. Les meurtres qu’ils ont commis étaient donc des meurtres égoïstes, visant à protéger des biens, il ne s’agissait pas d’une légitime défense au sens stricte. Ils finissent cependant par faire admettre à leurs consciences que sans cela ils seraient mort de faim quelque mois plus tard.

Le parallèle avec la situation de la France peut être fait de manière évidente et de plusieurs manières, je me concentrerai sur une seule. L’immigration va détruire la culture française par le simple jeu de la démographie et d’une assimilation défaillante (et qui n’est plus souhaité par personne), c’est peut être un drame, mais ce n’est pas un crime et ceux qui réalisent cela –les immigrés- ne sont pas fautifs de ce qu’ils font. D’un autre coté, en France, la criminalité est liée de manière indiscutable*** à l’immigration.
L’ampleur de l’immigration et la manière dont elle se passe (ghettos, non-assimilation, haine de la France et ressentiment colonial…) tueront à terme ce pays ; je veux dire qu’il existera toujours, qu'il s’appellera peut être encore la France, mais qu'il aura changé de nature, notre France sera morte. Cela c’est les morts-vivants qui mangent les blés pas murs dans Malevil.
D'un autre coté, la criminalité cela nous émeut, mais -je suis peut être insensible au problème des banlieues- ce n'est qu’une piqûre de moustique dans le flan de la France et de son peuple. D’ailleurs ce problème pourrait être résolu relativement vite à condition d’y mettre les moyens et d’employer des solutions pas trop modérées. Cela c’est le coup de fourche dans le torse de Momo.

Les deux phénomènes sont liés, mais le second est petit et superficiel et ne peut servir qu’à nous réveiller brutalement de notre torpeur, de nos scrupules, quoiqu’il arrive le vrai problème c’est le premier même s’il peut paraître indolore, lointain, abstrait ou hypothétique.
Il faut aussi repréciser : les immigrés ne sont pas coupables de l’immigration, ils ne sont pas méchants ou mauvais, mais cela ne rend pas pour autant ce qu’ils font souhaitables ou sans dommages pour nous et nos intérêts.


*Je dis bien le livre ; le film est assez mauvais, bien que je m’appuis davantage sur lui que sur mes souvenirs du livre pour écrire cette note.
**Mes excuses à Pierre Robes-Roules : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part» Michel Rocard.
***Il est indéniable qu’elle y est liée. Quant à l’importance, la nature et la complexité de ce lien il n’est pas le but de mon propos présent de le dire. Pour plus d’éclairage sur cette question : http://www.dailymotion.com/relevance/search/xavier+raufer/video/x9k2d3_xavier-raufer-colloque-sur-la-secur_news

9 commentaires:

  1. Je ne partage guère votre admiration pour ce roman, que j'ai lu assez récemment. Il démarre plutôt bien mais a tendance à s'enliser, il me semble, et les personnages n'ont pas le relief ni encore moins la profondeurs que l'on en attendrait.

    Je parle d'un point de vue littéraire. Pour le reste, le "contenu", je suis plutôt d'accord avec ce que vous en tirez comme réflexions.

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  2. Je n'ai pas lu le livre. Je me souviens du film dont le fond "civilisationnel" avait été édulcoré par le coté anti-nucléaire genre "voilà ce qui nous arrivera à cause des méchants"

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  3. Contrairement à Didier Goux, j'ai beaucoup aimé ce roman, même si la partie après l'explosion n'est pas au niveau de ce qui précède. Bonne réflexion sinon.

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  4. @ Didier Goux: Je l'ai lu il y a longtemps, il ne l'avait pas semblé que les différentes personnalités des étaient très appronfondie par l'auteur, mais comme je l'explique succintement je ne suis pas certain que dans ce type de livre ce soit une mauvaise chose.
    Ceci dit je maintiens que j'ai beaucoup apprécié ce livre qui se lit très facilement, ceci dit le contenu idéologique emmerdent certains qui trouvent que cela détourne de l'intrigue, tandis que de mon coté cela m'interresse davantage.

    @Pierre Robes Roule: C'est exactement cela. En plus c'est oing pour peu de péripéties, peu de dialogue, c'est vraiment du gachie: un bon livre, de bons acteurs et un mauvais film.

    @ Gabriel: en même temps la partie précédent l'explosion est un peu ennuyeuse parce qu'on attend l'explosion et elle semble un peu longue par rapport à son importance dans l'histoire.

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  5. Tiens, je découvre, ça m'a l'air bon. Je verrai au moins le film.

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  6. Le film n'est pas bon, c'est le livre qu'il faut!

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  7. Rapprochement interessant. Bravo egalement d'avoir précisé que les immigrés n'etaient ni bons ni mauvais, ils sont nombreux avant tout.Et là est le problème.

    La démographie a été souvent négligée comme arme de destruction massive depuis la seconde guerre mondiale ou l'on a vu qu'un bombardier avec son equipage de 6 hommes pouvait detruire un million d'individu en quelques instants.
    Pourtant aujourd'hui, ou "nous sommes tous egaux, nous avons les mêmes droits, où un sans papier n'est qu'un homme privé de papiers et non pas un clandestin", cette notion de poids démographique retrouve toute son importance.

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  8. @ Guillaume. Merci.
    Il me semble que la négligence tant des élites que du peuple à l'égard de la démographie tient à la relative lenteur de ces phénomènes (il faut une vie d'homme pour sentir ces changements).

    Mais ne désesperont pas, subventionnons des pubs pour pampers et vous verrez que nous gagnerons 10 ans de répit.

    "Le meilleur investissement pour un pays c'est de mettre du lait dans un bébé"
    Winston Churchill.

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  9. malvil , j'ai des raisons familiales de me souvenir du film ( tourné dans le village natal ou pas loin )
    ceci dit , comme tous les bouquins de robbie merle , un peu mou ( on était avant 80 après tout)
    et le film ; pire du pire !
    trintignasse en dictateur de pacotille , dutronc en agisseur et preneur de conscience........
    un bide !

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