jeudi 10 juin 2010

Le politiquement correct



















Que voilà une expression populaire ! Le politiquement correct c’est un peu comme le racisme ou l’Arlésienne, tous le monde passe son temps à en parler, mais personne ne le pratique jamais.


Il y a deux définitions courantes à cette expression :
-La première est celle des gens qui ne s’intéressent pas à la politique, grosso modo c’est : « toute phrase qui ne choque pas, qui exprime une chose qui n’est pas dérangeante ». En gros c’est la langue de bois. Chose intéressante, ces gens là utilisent cette expression toujours accompagnée d’une négation ; ces gens ne remarquent l’existence du politiquement correct que lorsqu’il est absent. Donc on vous dira (sans trouver cela péjoratif d’ailleurs) que vous n’êtes pas politiquement correct, mais jamais l’inverse. En fait politiquement correct veut simplement dire « pas provocateur ».


-La seconde définition est celle des gens politisés, voire des militants, on peut la définir de cette manière : « allant dans le sens de la pensée dominante ». Ici au contraire ces gens l’emploi toujours par l’affirmative -voir l’accusatif- en qualifiant leurs ennemis de politiquement correct. Dans un monde où le rebelle est, avec la victime, la figure la plus prestigieuse, il est toujours bon de passer pour tel, de là à en déduire irréfragablement qu’on a raison… il n’y a qu’un pas que nombre de gens con-vaincus franchissent avec allégresse.
Cela peut être résumé par l’expression : « tout le monde est d’accord pour dénoncer la pensée unique ».
C’est tout de même amusant que cela soit toujours celui d’en face qui soit dans le sens de la pensée unique, non ? Pour leur défense il est vrai que les militants ont un peu de connaissance doctrinale et que la pensée unique est aujourd’hui à la fois très anti-idéologique et très contradictoire, et puis on peut sans problème être très politiquement correct sur certaines questions tout en ne l’étant pas du tout sur d’autres.
On peut ainsi, pour faire un lien avec le débat en cours sur Au milieu des ruines et ici même, se demander si le politiquement correct c’est d’être du coté des palestiniens ou des israéliens ?
Et bien aucun des deux et c’est là qu’on comprend que le politiquement correct étant anti-doctrinal, il n’a pas de camp définitif et rigoureux. Il est du coté de la victime, mais la victime c’est une notion simpliste, subjective, émotionnelle. Mais c’est qui la victime ?
-l’état encerclé, peu peuplé ? (définition valable pour les Palestiniens ou pour Israël sauf que els premiers n’ont même pas d’Etat)
-l’état peuplé de juifs ? Qui est plus victime qu’un juif ? 3000 ans d’expérience dans le domaine, voilà un peuple qui défi toute concurrence ! Même pour le XXème siècle leur chiffre d’affaire victimaire ridiculise les arméniens (qui avaient bien commencé) et les Tutsis ! Un bon produit et un marketing rodé, le peuple élu, est un sortant imbattable !

Mais voilà Israël c’est aussi Tsahal. On peut même dire que le Victimisme ça va deux minutes, mais qu’une armée semble mieux taillée pour affronter la réalité fut-elle aussi faiblarde que les palestiniens.
Alors franchement c’est très gênant et d’ailleurs c’est le seul sujet sur lequel on peut vraiment profiter d’un débat, affligeant certes, mais contradictoire, parce que le politiquement correct n’arrive pas à se fixer !

Bon pour ceux qui ne savent pas quel est le thème exact de l’article : la flotte humanitaire ou la notion de politiquement correct, disons que j’avais deux articles à écrire, et que je l’écris entre deux dossiers dans mon bureau, que voulez-vous la conduite du Sénat de Rome n’est pas de tout repos.
De même pour ceux qui se demandent ce que font BHL et JFC en exergue, disont simplement qu'ils sont chacun un maitre de l'une des définitions que je donne du politiquement correct.

2 commentaires:

  1. "Qui est plus victime qu’un juif ? 3000 ans d’expérience dans le domaine, voilà un peuple qui défi toute concurrence ! Même pour le XXème siècle leur chiffre d’affaire victimaire ridiculise les arméniens (qui avaient bien commencé) et les Tutsis ! Un bon produit et un marketing rodé, le peuple élu, est un sortant imbattable !"

    C'est peut-être là que se situe le début du problème... Dans la mesure même où tu reconnais le peuple juif pour le peuple élu et, qu'en sus, tu reconnais l'élection de leur martyre, ce qu'ils appellent l'"unicité de la Shoah", tu te condamnes à ne pouvoir juger sereinement de tout ce qui touche à ce peuple.
    Il faut rejeter le dogme de l'"unicité de la Shoah" (ce qui ne veut pas dire nier les persécutions). Les peuples se sont massacrés depuis que le monde est monde. Et beaucoup de ces peuples ne sont plus là pour faire pleurer sur leurs malheurs. Les Juifs n'ont pas subi le pire puisqu'ILS SONT LA, ce qui n'est plus le cas de tous ces peuples mentionnés par l'histoire...

    Il faut commencer par désacraliser le peuple juif. Je l'ai dit, je le répète: l'antisémitisme aura beaucoup décru quand on pourra insulter les Juifs comme on insulte les Ecossais, les Gaulois, les Romains, les blondes ou les chrétiens. Mais je ne suis pas sûr que ce soit pour demain...

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  2. Je suis assez d'accord en fait avec ce que tu dis.
    Il y avait un peu de sarcasmes dans mon propos en fait, mon style ne l'aura pas fait assez ressortir et je le regrette.

    Cependant je ne suis pas tout à fait d'accord sur la singularité de la shoah. Je pense qu'il y a eu des massacres, et mêmes des génocides (partiels ou totals) dans l'Histoire et qu'il y en aura, mais celui-ci occupe une place paticulière en ce qu'il est un génocide industriel et bureaucratique.
    C'est donc la Shoah d'Auschwitz qui me parait unique dans l'Histoire et pas la shoah par les balles en Ukraine et ailleurs; celle là avait déjà eu lieu avec les arméniens.

    Mais s'il y a une catégorie d'hommes que cet évènement isole dans le temps ce ne sont pas les victimes et donc pas les juifs. D'abord il n'y eu pas que des juifs, ensuite se faire massacrer est sinon banale au moins pas complètement unique.
    La catégorie d'homme qui est se singularise se sont les bourreaux, donc les nazis. Donc le peuple élu de la Shoah ce sont les nazis, sauf qu'ils ne sont pas élus pour être au dessus des autres, mais pour être les pires de tous.

    Pour ce qui est de l'election des descendants d'abraham, vu que je ne crois pas en Dieu, je ne peux y croire non plus, et si j'étais croyant je serai probablement plus proche des chrétiens, or pour les chrétiens les juifs ne sont que les premiers croyants dans le temps et pas les meilleurs.

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