mardi 30 juin 2009

Les ranimeurs de flammes professionnels

Vis-à-vis du patriotisme, il y a trois sortes de français:

-les patriotes.

-les francophobes (d'origine immigrée ou votant à gauche) qui confondent souvent patriotisme et fascisme.

-ceux qui s'en foutent (entre 30 et 80% des français selon qu'on soit en période électorale et que le candidat soit un patriote lyrique ou non).


Cet après-midi, je me suis immergé dans une catégorie particulière de patriotes. J'avais fait, il y a longtemps, un article sur le romantisme de certains électeurs de droite, plus en quête d'esthétique, de noblesse et de transcendance que de victoire. Je pense même faire partie de ces gens qui sentent -avec tout le masochisme que cela implique- que le malheur révèle la profondeur et la beauté que peut contenir une lutte.
Si j'explique cette attirance pour le morbide, ce regret de n'avoir pas été fusillé par les nazis ou de n'être pas tombé sous les balles à Verdun, c'est parce que ces patriotes que j’ai rencontré sont ce que j'appel des ranimeurs de flammes professionnels.

En France il existe une flopé de retraités (ce n'est pas un scoop et cela ira en s'aggravant), or le problème des retraités c'est un peu le même que celui des jeunes des cités: l'oisiveté. Celle-ci étant la mère de tous les vices, et le vice pouvant se définir par l'excès* ces hommes s'adonnent donc sans limites aux obsessions nées des regrets de leur vie.
Quels sont les regrets de ces vieux fonctionnaires nés du baby-boom? De n'avoir pas connu d'occasion d'être héroïque! Alors ils célèbrent les héros du passé, et font le tour de France des cimetières militaires, et des monuments aux morts, aux vivants, à la victoire ou commémorant la défaite. Ils accrochent sur leur poitrine les médailles plus ou moins sérieuses qu'ils eurent à l'ancienneté ou par relation** et ils raniment la flamme, célèbrent le souvenir, entretiennent le devoir de mémoires.

Aucuns d'eux ne se rend compte du coté tragi-comique de la situation: des héros salué par des rentiers, des cadavres d'adolescents salué par des vieillards, et surtout 200 "professionnels" pour ranimer ces flammes toute l'année, alors que ces flammes ne signifieraient encore quelque chose que s'il y avait 30 millions d'amateurs pour le faire de temps en temps.


Moi qui suis l'un de ces romantiques, je goûte fort peu le cancer qui tu ce pays, j'aurai tellement préféré qu'il fut englouti comme l'Atlantide ou qu'il soit le perdant d'une guerre punique. Mourir pour mourir autant le faire avec classe et en luttant pour survivre. Dans cette optique aller à Douaumont, Notre Dame de Lorette ou au pied de l’Arc de Triomphe ne me remplis pas seulement de fierté pour le sacrifice de ces jeunes ou de piété pour l’édifice millénaire qu’est cette nation, je ressens aussi un peu de honte pour la médiocrité de mon époque, et beaucoup de dérision pour les réactions –comme celle de ranimeurs de flamme- que cette médiocrité entraine.


*Aristote dans l'éthique à Nicomaque: la vertus est une médiété, un équilibre entre deux excès; par exemple le courage, équilibre entre la lâcheté et la témérité

**Pour vous expliquer tout le sérieux de ces distinctions plus ou moins formelles, l’un de ceux que je décris a beaucoup insisté pour intercéder auprès d’un ministre pour m’obtenir une de ces médailles.

6 commentaires:

  1. moi qui suiT / moi qui suiS.
    Etre ou suivre, telle est ma question.

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  2. Erreur troublante. Je ne sais ce que Freud en dirait.

    C'est bien du verbe être qu'il s'agissait, j'imagine que j'avais construit ma phrase autrement au départ, avec le verbe suivre, je ne vois pas d'autres explication.

    Merci de me l'avoir fait remarquer.

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  3. Suite à un incident auquel j'ai assisté récemment à l'entrée du salon du Bourget, j'ai hésité à écrire une déclaration du même genre à l'égard des anciens combattus.

    Ces gens m'agacent souvent, surtout quand ils sont revendicatifs et qu'ils s'exhibent avec des médailles en fer blanc.

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  4. Je commence à me demander s'il n'y a pas 2 sortes de personnes interressé par mes articles:

    -les profs de français un peu maniaque qui viennent corriger mes fautes de français

    -ceux qui aurait pu écrire ou ont écrit des articles sur le même sujet.

    je ne sais trop qu'en conclure...

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  5. Personne à droite, personne à gauche, je me lance.
    Il y a une troisième catégorie de lecteurs intéressés par vos articles : les ranimeurs de flammes professionnels.

    Coach Berny 139° section des médaillés militaires complètement oisif mais toujours à vos ordres mon général.

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  6. Ne rigolez pas coach, j'ai bien peur que l'un des ranimeurs soit venu sur ce site et ait lu cet article...

    Du coup je n'aurai pas ma médaille à l'ancienneté.

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